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dimanche 9 octobre 2011

Laurent Gerra-
Nicolas Canteloup, 
le duel des 
millionnaires du rire

Nos imitateurs flinguent des personnalités tous les matins à la radio. Mais, entre eux aussi, la compétition est musclée.


C'est le plus joli transfert de l’été. Le 26 mai dernier, Philippe Balland, conseiller aux programmes de TF1, apprend que France 2 vient de refuser un projet de chronique animée par Nicolas Canteloup après le JT de 20 heures. Notre homme bondit sur son téléphone et appelle le producteur de l’humoriste, Jean-Marc Dumontet. Ce dernier raconte : «Je suis sorti du bureau de Rémy Pflimlin, patron de France Télévisions, à 13 heures. A 13 h 15, j’avais la Une en ligne et je lui disais oui.» Pour la première chaîne, qui drague l’imitateur depuis des années, l’occasion était trop belle. Son actionnaire Martin Bouygues s’est déclaré «enthousiaste». Quant à Pflimlin, il a bien tenté de rattraper le coup… En vain.

TF1 a de bonnes raisons de se réjouir. Lorsque l’imitateur passe à la télé, les courbes d’audience s’affolent. En avril 2008, 5,8 millions de téléspectateurs avaient suivi une spéciale Canteloup sur France 2, soit une part de marché de 27,5%, bien au-dessus des standards de la chaîne. Son alter ego, Laurent Gerra, n’est pas en reste. En octobre, il a attiré 5,2 millions de personnes sur TF1. Les deux as de la parodie amusent la France entière.

Alors on les réclame partout : à la radio, sur les tréteaux et dans les bacs à DVD, où ils écoulent des centaines de milliers d’exemplaires. De vraies PME du rire, qui réalisent entre 6 et 8 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel chacune. Le duel entre les deux quadragénaires est devenu frontal. Ils s’en défendent bien sûr et font répéter par leur entourage qu’«ils ne sont pas concurrents», qu’ils «s’apprécient». Pas question de répondre à Capital pour cautionner un face-à-face. En réalité, tout 
en faisant mine de s’ignorer 
(les deux ne se sont d’ailleurs jamais parlé), ils ne cessent de s’épier et de se mesurer.

A tout seigneur tout honneur, Laurent Gerra est le premier à avoir connu la popularité. Dans les années 1990, ses imitations quasi parfaites de Jack Lang, de Jacques Chirac ou de Michel Rocard lui ont valu une carrière fulgurante : à la télévision dans «Studio Gabriel» de Michel Drucker, à la radio sur Europe 1 puis RTL, et sur scène. Dix ans après avoir débarqué dans la capitale, le petit gars de Bourg-en-Bresse remplissait l’Olympia.

Au même moment, Nicolas Canteloup quittait Bordeaux pour tenter sa chance dans les petits théâtres parisiens. Son producteur, Jean-Marc Dumontet, se souvient : «A l’époque, Gerra était au firmament. On nous répondait qu’il n’y avait pas de place pour deux.» A force de persévérance, son poulain réussit à percer. Embauché aux «Guignols» de Canal Plus, il est repéré par Michel Drucker, puis appelé par Europe 1 en 2005. Moins précis dans les imitations que son rival, mais aussi moins grivois, l’homme au crâne lisse excelle dans la caricature : il lui suffit de quelques gestes pour entrer dans la peau de ses personnages
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